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Les styles explicatifs
La psychologie positive, et son fondateur Martin Seligman en particulier, a largement contribué à la compréhension des facteurs pouvant contribuer à développer son optimisme. En effet, ce dernier semble, au travers des dernières 40 années de recherches, un trait de caractère modifiable : nous ne sommes pas optimistes ou pessimistes, nous adoptons des modes de pensées et comportementaux en lien avec une certaine tendance. Ce qui est plutôt rassurant : je peux travailler sur moi pour développer mon optimiste, qui est un des traits majeurs associé au bien-être, à la réussite et à l'épanouissement global. Pour plus de compréhension des travaux dans ce domaine, je vous recommande vivement Learned Optimism de Martin Seligman.

LECTURE RECOMMANDEE

Learned Optimism traite de la capacité à développer son optimisme au travers d'une compréhension de soi, de ses styles explicatifs, de sa façon d'appréhender le monde et surtout les événements qui nous arrivent ... Martin Seligman a développé pendant plus de 20 ans une stratégie de compréhension personnelle de ses traits d'optimisme, afin de savoir quels leviers activer pour atteindre ses objectifs et améliorer son bien-être à long terme. Un ouvrage de référence vivement recommandé !
Avant d'avancer dans le développement des styles explicatifs, je vous propose de répondre à un questionnaire d'auto-évaluation développé justement dans le livre sus-cité. Prenez le temps de remplir ce questionnaire et de noter vos résultats AVANT de lire les explications et la suite de ce module.
Les styles explicatifs définissent notre capacité à interagir avec nous même et à appréhender le futur en fonction de nos événements passés. Ils correspondent à notre degré d'optimisme et d'espoir, puisqu'ils donnent une explication à la façon dont les événements nous arrivent, événements à connotation positive et négative.
En effet, lorsqu'un événement arrive, quel qu'il soit, nous allons le rationaliser et l'expliquer au travers de trois grandes composantes :
- sa permanence : est-ce que les causes de cet événement sont susceptibles de se reproduire et/ou de durer dans le temps ?
- son universalité : est-ce que les causes de cet événement qui touche un de mes secteurs de vie se retrouvent dans tous les autres secteurs, ou sont-elles strictement limitées à ce secteur en particulier (par exemple professionnel ou sentimental) ?
- sa personnalisation : est-ce que les causes de cet événement sont liées à autrui ou aux circonstances, ou à moi-même ? Et, le cas échéant, sont-elles liées à des compétences personnelles modifiables ou à des traits identitaires perçus comme non modifiables ("je suis nul") ?
Les nombres recherches menées par Martin Seligman et les équipes de Psychologie Positive de l'Université de Pennsylvanie ont montré que plus une personne adoptait un style explicatif optimiste, plus son bien-être, sa productivité, ses interactions sociales, mais aussi sa santé physique et mentale étaient hauts. En effet, lorsque vous adoptez une vision optimiste des événements positifs, vous avez tendance à voir ces derniers comme reproductibles et dus à votre propre initiative, tout du moins avec une certaine part de responsabilité. Une vision optimiste des événements négatifs limite ces derniers dans le temps et dans la sphère de vie stricte ou ils surviennent, et sont assimilés à des facteurs modifiables ou des circonstances externes.
A l'inverse, une vision pessimiste des événements positifs les font percevoir comme strictement liés au hasard et non reproductibles, ce qui empêche de se projeter dans une éventuelle récidive de bien-être, et une perception négative des événements négatifs les projettent comme fatalistes : ils récidiveront, ils touchent tous les domaines de vie de la personne, et ils sont liés à des traits personnels non modifiables.
Ainsi est-il possible de classer ces différents facteurs en fonction des tendances optimiste et pessimiste, dans la façon d'appréhender les événements positifs et négatifs :

Comme vu précédemment, la tendance optimiste permet d'appréhender les événements positifs comme possédant des causes reproductibles, pouvant toucher plusieurs secteurs de ma vie, et liées à des actions et des caractéristiques personnelles qui me définissent. Si j'ai réussi cet examen, c'est parce que j'ai une méthode de travail structurée, qui me permet également d'organiser ma vie personnelle et sentimentale, et tout cela grâce à mes forces de caractères et mes capacités qui me définissent et que je peux développer.
La tendance optimiste permet également de voir les événements négatifs comme liés à des causes temporaires, spécifiques au contexte et venant soit de l'extérieur, soit de compétences personnelles modifiables. Si j'ai échoué à cet examen, c'est parce que ce jour là spécifiquement, je n'avais pas assez bien dormi et je n'étais pas en forme, et je n'avais pas assez travaillé cette matière ou je suis tombé sur un sujet que je ne maitrisais pas. Tout cela ne voulant pas dire que parce que j'ai échoué cet examen, j'échouerai également lors de mon match dimanche ou lors de ma demande à ma future copine. Les causalités de l'événement perçu comme négatifs sont limitées à cet événement, et ne remettent pas en question l'estime de soi.
A l'inverse, la tendance pessimiste oriente la perception des causes des événements à connotation positive comme strictement temporaires, spécifiques à l’événement en soi et dont notre participation active est faible ou inexistante. J'ai réussi l'examen, mais c'est un véritable coup de chance, il est probable que les autres participants étaient encore plus nul que moi, que le professeur s'est trompé en notant ma feuille ... Cela ne m'empêchera de rater le prochain examen.
De même, cette tendance pessimiste nous fait intégrer les causes des événements négatifs comme liés à une composante fondamentale du soi, un trait de personnalité non modifiable ou une tare génétique, biologique ... Ces causes sont permanentes, on ne pourra rien y faire dans le futur, et elles ont tendance à envahir tous les autres domaines de vie. C'est normal que j'ai raté mon examen, je ne suis bon à rien, tout ce que j'entreprends est voué à l'échec, et même si je travaille énormément pour les rattrapages, ça ne changera rien. Je suis tellement nul que ça m'empêche même de jouer correctement lors des matchs de compétition, et je ne parle même pas de ma médiocrité quand je dois aborder une fille / un garçon.
Comprendre sa tendance est déjà un premier pas vers l'amélioration de soi, puisque vous allez pouvoir contrecarrer les schémas automatiques de pensées qui viennent avec votre style explicatif "basal", afin de, pas à pas, s'orienter vers un style explicatif plus optimiste.